Ils rentrent. Tous. Les moustachus d’Amsterdam, les coiffeuses de Perpignan, les étudiants de Düsseldorf. Et avec eux, les valises pleines de Nutella, les coffres remplis de lessive Ariel et les cœurs débordants de nostalgie. C’est reparti pour un été de klaxons tricolores, de couscous dominicaux et de « Marhaba chez vous » en boucle sur les haut-parleurs du port. Bienvenue à l’opération Marhaba 2025, version XXL.
Objectif : fluidité… inchallah.
Sous le Haut Patronage de Sa Majesté – qui a sans doute lui aussi le droit à une pause thé menthe-cornes de gazelle – le ministère du Transport et de la Logistique a annoncé une mobilisation quasi militaire , 29 navires, 12 lignes maritimes, 520 rotations hebdomadaires et une capacité de 500.000 passagers et 130.000 voitures par semaine. Bref, si vous êtes bloqué, ce n’est pas faute de bateaux, mais probablement à cause du cousin Hicham qui a oublié de réserver.
Tanger Med – Algésiras, la ligne de tous les défis
C’est la star incontestée des traversées. Une sorte de Champs-Élysées flottant entre deux continents. Sauf qu’ici, on ne croise pas des mannequins mais des familles suréquipées : glacières, matelas, rideaux, et parfois… une demi-salle à manger. Le ministère insiste , réservez à l’avance. Oui, à l’avance. Pas la veille, pas à la douane. En ligne, comme les Européens. On sait, c’est dur. Mais l’objectif est clair , éviter que les ports se transforment en Zénith géant de râleurs bloqués au diesel.
BureaucraSIE, version maritime
Le retour au pays ne serait pas complet sans un petit parfum de paperasse. En plus du test de patience habituel devant les guichets, l’État marocain vous offre une nouveauté vintage , les horaires fixes. Fini les improvisations poétiques de dernière minute. Maintenant, il faut choisir une date et une heure. Oui, comme un rendez-vous chez le dentiste. Sauf qu’ici, c’est pour se faire arracher une place sur le pont supérieur.
Des ports tout beaux, tout propres (en théorie)
Le ministère promet une amélioration de la qualité des services dans les ports. À voir. Car si l’intention est louable, les habitués savent qu’entre « promesse logistique » et « réalité portuaire », il y a souvent un embouteillage de chariots, une coupure de clim et un agent un peu trop zélé sur les formalités. Mais gardons espoir , peut-être que cette année, les toilettes fonctionneront. Peut-être.
Le patriotisme au prix du gasoil
L’opération Marhaba n’est pas qu’un pont logistique, c’est aussi un rituel affectif national. Une migration saisonnière où le lien avec la mère-patrie passe par un klaxon de Mercedes, une théière en inox et une playlist de Cheb Khaled. C’est beau. C’est bruyant. C’est marocain. Et grâce à cette armada estivale, chacun peut s’offrir une dose de soleil, de famille et de nostalgie… moyennant 14 heures d’attente et une bonne dose de patience.
À l’été prochain, même port, même galère.