La réforme du chômage : quand le gouvernement vous tend la main… pour mieux vous pousser dans le vide

Bouchaib El Bazi

Il y a quelque chose d’ironique — pour ne pas dire sadique — dans la manière dont le nouveau gouvernement belge débute son mandat , au lieu de gouverner pour ceux qui l’ont élu, il commence par les exclure. Plus précisément , les sortir du chômage. Pas pour leur trouver un emploi, non. Mais pour les sortir des statistiques. Une vraie politique de l’emploi… sans emploi.

C’est donc confirmé , voter, c’est donner à d’autres le pouvoir de vous compliquer la vie. Et à voir la réforme du chômage votée par le gouvernement Arizona, on dirait qu’ils en ont fait une mission personnelle.

Une réforme “communautaire”… ou communautarisée ?

Derrière les grands discours sur la responsabilisation, l’incitation à l’effort et la lutte contre l’assistanat, se cache une réalité beaucoup plus brute , la réforme cible quasi exclusivement les communes les plus pauvres, les plus précaires… et francophones. Autrement dit , Wallonie et Bruxelles se prennent la claque, pendant que la Flandre ajuste sa cravate.

Sur 250 communes les plus touchées, 244 sont francophones. On se croirait presque dans une mauvaise blague régionaliste, mais avec des vrais gens, de vraies galères, et zéro chute comique.

Même Anvers, qui enregistre le plus grand nombre d’exclusions en chiffres bruts (10.123 personnes), n’arrive qu’à la 140e place en proportion. Pendant ce temps, Saint-Josse, Molenbeek, Saint-Gilles, Liège et Bruxelles dépassent les 4% de leur population exclue. On parle ici de milliers de personnes jetées hors du système avec la grâce d’un “copier-coller” dans un fichier Excel.

Du côté du pouvoir, c’est Noël tous les jours

Pendant que des familles francophones se demandent comment payer leur loyer ou remplir le frigo, les ministres s’augmentent, les pensions parlementaires restent dorées, et les notes de frais continuent de voler plus haut qu’un Falcon 7X.

On entend déjà les discours :

— “C’est pour redynamiser le marché de l’emploi.”

Oui, sauf que le marché en question ressemble plus à un vide-grenier qu’à une foire à l’embauche.

— “Il faut responsabiliser les allocataires.”

Responsabiliser… en les privant de ressources, dans des communes où l’emploi est un mirage, le chômage une fatalité, et l’ascenseur social définitivement en panne.

Voter pour être puni , une tradition bien de chez nous

Le plus absurde dans cette affaire, c’est que nombre de ceux qui vont se retrouver exclus ont voté pour ces partis aujourd’hui au gouvernement. C’est un peu comme si vous commandiez une pizza et qu’on vous livre une facture d’hôpital.

L’électeur belge est décidément d’un stoïcisme admirable ,  il vote pour des représentants qui vivent sur des salaires à cinq chiffres, avec voiture de fonction, frais de bouche, et immunité parlementaire… et qui ensuite lui reprochent de vivre avec 1200 euros par mois. Pardon, “vivaient”, puisqu’on vient de lui couper ça aussi.

Et demain ? Une taxe sur l’oxygène ?

On se demande ce qui viendra ensuite. Une réforme du CPAS avec obligation de courir un semi-marathon avant de toucher un bon alimentaire ? Une taxe carbone sur les chaussettes trouées ? Une prime pour ceux qui acceptent de ne plus être pauvres dans les statistiques ?

 “travaillez plus pour gagner moins”… ou ne gagnez rien du tout

Ce gouvernement a réussi un tour de force , il n’a même pas eu besoin d’attendre six mois pour faire le contraire de ce qu’il prétendait défendre. Le chômage n’est plus un droit, c’est devenu un privilège temporaire. Et l’exclusion, elle, n’est plus sociale , elle est institutionnalisée.

À ceux qui croyaient avoir voté pour plus de justice sociale .

bienvenue dans la Belgique post-réforme, où la solidarité est un mot en voie d’extinction, et la pauvreté… une faute personnelle.

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