“Députés MR d’origine marocaine : silence radio au pays du GLouB”
Quand Georges-Louis Bouchez éternue, certains députés s’empressent de lui tendre un mouchoir. Et d’autres, manifestement, changent de trottoir en espérant qu’on ne les remarque pas. C’est un peu le tableau clinique de la droite belge francophone, où certains élus d’origine marocaine semblent atteints d’une extinction de voix dès que le chef du MR se lance dans ses traditionnels uppercuts contre… les Marocains.
Le GLouB — que ses admirateurs appellent encore Georges-Louis Bouchez — Il devient difficile de compter ses interviews sans y dénicher, comme un refrain obsessionnel, une pique dirigée contre la communauté marocaine de Belgique.
À chaque passage médiatique, le président du MR semble éprouver un besoin irrépressible de ressortir le cliché de la double nationalité problématique, des allocations détournées ou des liens supposés entre origines et délinquance.
Cette fixation récurrente confère à ses sorties un parfum de croisade identitaire à peine voilé, où la fraude sociale n’est plus une réalité transversale, mais une « spécialité » marocaine.
Sous couvert de rigueur budgétaire, GLB alimente, interview après interview, un discours à forte charge communautaire, qui flatte les bas instincts d’un électorat inquiet tout en stigmatisant une partie bien précise de la population belge. Une stratégie qui, au fond, en dit plus sur ses ambitions personnelles que sur une véritable volonté de réforme équitable.
Le Maroc, ce lointain pays qui hante les nuits de certains politiciens belges dès qu’il est question de budget. Que les fraudeurs existent, soit. Mais que l’on désigne systématiquement un groupe ethnique, voilà qui pose question. Enfin… pas pour tout le monde.
Car du côté des députés MR d’origine marocaine, on ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon des protestations. Ni tweet indigné, ni communiqué discret. Rien. Silence total. À tel point que Naima Belkhatir, échevine PS à Schaerbeek, a sorti les rames pour secouer la barque libérale.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, elle s’adresse directement à Amin Boujdaini, Loubna Azghoud, Ismaël Luahabi, et Youssef Handichi (ce dernier, il est vrai, ex-PTB et indépendant, mais il traîne toujours dans le voisinage politique) :
« Que pensez-vous des propos de votre président, le GLouB ? N’avez-vous pas un mot à dire ? »
Question légitime. Car enfin, à quoi bon afficher son origine sur les affiches électorales, poser fièrement devant un drapeau marocain en période de Ramadan, si c’est pour s’évanouir dès que le président du parti suggère que les binationaux sont suspects par défaut ?
Certains diraient , c’est la discipline de parti. D’autres, plus cyniques, y verraient un syndrome plus répandu qu’on ne le pense , le réflexe de survie politique par invisibilité communautaire. Moins tu fais de bruit, plus tu restes dans les petits papiers du boss.
Le GLouB, lui, jubile. Il peut lancer ses fléchettes en toute impunité. Même pas besoin de se justifier , ses propres troupes ne mouftent pas. C’est ça, le vrai génie tactique , taper là où ça fait mal, pendant que les intéressés applaudissent – ou font semblant de ne pas entendre.
Bloc-note d’un citoyen lambda
« Donc si je comprends bien, quand on est un élu MR d’origine marocaine, on peut dénoncer le manque de diversité dans les médias, parler inclusion, et faire des tables rondes sur le vivre-ensemble… sauf quand son chef de parti sort le karcher contre les Marocains. Là, c’est motus et bouche cousue ? »
La vraie question est peut-être là « Avez-vous oublié d’où vous venez ? », demandait Naima Belkhatir. On ajoutera « Et surtout, où vous allez si vous continuez à marcher à reculons ? »
Encadré : Qui sont-ils ?
- Amin Boujdaini : jeune député libéral, ancien militant associatif, connu pour ses interventions très modérées… et son attachement à la ligne du parti.
- Loubna Azghoud : élue bruxelloise, investie sur les questions de genre et de jeunesse, mais curieusement absente dès qu’on parle de stigmatisation communautaire.
- Ismaël Luahabi : discret, parfois trop, au point qu’on se demande s’il n’est pas en mode avion depuis la formation du gouvernement.
- Youssef Handichi : électron libre, autrefois grande gueule au PTB, désormais plus préoccupé par sa propre survie politique que par les propos de ses voisins idéologiques.