À Anvers, les armes passent, la conscience s’absente : la Belgique, ce pays neutre… mais armé

Banane El Fatihi

Bruxelles, 3 juillet 2025 – Il fut un temps où l’on disait que la Belgique était ce petit pays tranquille, neutre, friand de bières et de compromis gouvernementaux interminables. Aujourd’hui, grâce au port d’Anvers, elle ajoute une corde à son arc , celle de facilitateur officiel du transit d’armes vers les zones de guerre. Et pas n’importe lesquelles ! Direction , Israël. Destination finale présumée des projectiles , Gaza. Résultat des courses , femmes et enfants pulvérisés avec un cachet de l’État belge en prime.

Dans un communiqué d’une clarté chirurgicale, Team Fouad Ahidar (TFA) s’indigne, accuse, dénonce et, surtout, rappelle à nos dirigeants qu’un État ne peut pas à la fois pleurer les morts civils à la télévision… et leur envoyer les balles par bateau.

Petit pays, grosses responsabilités

Dans ce thriller bureaucratico-militaire à la sauce belge, le gouvernement flamand joue le rôle du fournisseur officiel de tampons. C’est lui qui délivre les permis de transit. Sans ce petit gribouillis administratif, rien ne part. On pourrait croire que c’est déjà grave.

Mais ce serait sous-estimer l’art belge du double verrou. Car les douanes fédérales, elles aussi, viennent apposer leur cachet, cette fois directement sur les conteneurs. Deux gouvernements, un même aveuglement volontaire, et beaucoup d’enfants à Gaza qui n’ont jamais demandé à figurer sur ce manifeste maritime.

Et Verlinden dans tout ça ?

Ah, la ministre Annelies Verlinden. Vous la connaissez, cette CD&V qu’on dit modérée, pondérée, et surtout, toujours très concernée… une fois que la catastrophe est terminée. Elle est en charge de la mer du Nord, ce qui, dans un monde rationnel, lui donne un pouvoir certain sur ce qui y flotte. Mais en Belgique, l’indignation flotte, et les cargos filent droit.

Fouad Ahidar n’y va pas par quatre chemins , “Il n’y a aucune excuse, aucun prétexte valable.” Voilà qui a le mérite de la simplicité. Madame la ministre, vous avez le bouton stop. Pourquoi ne pas appuyer ?

Hypocrisie, mode d’emploi

On nous répète que “la Belgique ne pèse rien”. Pourtant, pour livrer des armes, elle semble trouver la balance. Elle pèse, elle tamponne, elle valide. Et puis, une fois que tout a sauté à l’autre bout de la Méditerranée, elle convoque une conférence sur la paix, avec café et biscuits.

Le communiqué du TFA est un missile rhétorique bien plus précis que les armes qui transitent par Anvers. Il rappelle qu’il ne s’agit pas d’un “débat abstrait”, mais d’un “génocide dont la Belgique est complice”. Rien que ça. Et force est de constater qu’ils ne sont pas loin du vrai.

Silence radio chez les experts en indignation

Où sont passés les donneurs de leçons professionnels ? Les chroniqueurs moraux ? Les ministres de l’émotion sélective ? Ils sont en vacances, sans doute. Ou alors en train de rédiger leur prochain post Instagram sur les droits humains. Depuis leur chaise longue, pendant qu’un cargo estampillé “destination Gaza” quitte les eaux belges.

Pendant ce temps-là…

… des enfants continuent de mourir. Et la Belgique continue de tamponner.

Moralité ?

On peut être un petit pays, et quand même faire de gros dégâts. Il suffit de regarder ce qui quitte discrètement le port d’Anvers.

 

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