Le soutien clair du Portugal à l’initiative marocaine : une diplomatie du réalisme, pas du folklore

Dans un monde où les prises de position diplomatiques sont souvent dictées par la prudence et l’ambiguïté stratégique, la déclaration du Portugal en faveur du plan marocain d’autonomie pour le Sahara s’apparente à un acte de clarté rare. En affirmant que l’initiative marocaine constitue « la base la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre ce différend régional, Lisbonne opère un alignement assumé avec la dynamique internationale croissante qui consacre le réalisme marocain.

Ce soutien n’est pas seulement une reconnaissance politique. C’est le résultat d’un patient travail diplomatique mené par le Maroc depuis plusieurs années, alliant crédibilité institutionnelle, partenariats économiques solides, et une gestion stratégique de ses alliances régionales.

Une position qui dépasse la rhétorique

La rencontre entre Nasser Bourita et son homologue portugais Paulo Rangel à Lisbonne n’était pas un simple exercice protocolaire. Le langage employé par le ministre portugais, qui insiste sur le rôle central des Nations unies et la crédibilité du plan marocain, témoigne d’une volonté affirmée : sortir du flou diplomatique habituel et prendre position sur un dossier longtemps considéré comme « sensible » en Europe.

Le Portugal ne fait ici que confirmer une orientation déjà amorcée depuis la réunion de haut niveau entre les deux gouvernements en mai 2023. Une orientation que ni les visites officielles algériennes, ni les pressions régionales n’ont pu altérer.

Le Sahara, miroir des priorités géostratégiques

Soutenir le plan d’autonomie, ce n’est pas seulement appuyer le Maroc. C’est aussi faire le choix d’un modèle de stabilité régionale face à la fragmentation et à l’idéologie séparatiste. Le projet marocain propose une gouvernance locale au sein de la souveraineté nationale, une formule qui évite les impasses d’un référendum impraticable et les dérives d’un État fantôme dans une région minée par les trafics et l’insécurité.

Dans ce contexte, Lisbonne comprend que l’avenir du Maghreb — et par extension, de la façade sud de l’Europe — dépend de solutions concrètes, pas d’utopies héritées de la guerre froide.

2030 en ligne de mire : diplomatie et géopolitique sportive

Ce rapprochement s’inscrit aussi dans une dynamique plus large. Le Maroc et le Portugal co-organiseront, avec l’Espagne, la Coupe du Monde 2030. Cet horizon commun donne un sens nouveau au partenariat stratégique : coopération énergétique, investissements croisés, mobilité des talents, et une volonté partagée d’être des ponts entre l’Europe et l’Afrique.

Bourita l’a exprimé clairement : il ne s’agit plus d’un simple voisinage méditerranéen, mais d’une volonté de bâtir une alliance atlantique moderne, fondée sur des intérêts convergents et une lecture commune des défis internationaux.

Le poids symbolique de Lisbonne

Ce soutien revêt enfin une portée symbolique indéniable. Dans un contexte où le secrétaire général de l’ONU, le président du Conseil européen et plusieurs hauts responsables internationaux sont de nationalité portugaise, la position officielle du Portugal n’est pas anodine. Comme le souligne l’expert marocain Mohamed Bouden, elle s’inscrit dans une dynamique globale, où l’Europe glisse progressivement vers une reconnaissance pragmatique de la marocanité du Sahara.

De plus, le Portugal ambitionne un siège non permanent au Conseil de sécurité en 2027. Son soutien explicite au plan d’autonomie pourrait dès lors préfigurer une position affirmée dans les forums internationaux à venir.

Une victoire tranquille, mais stratégique

La diplomatie marocaine marque ici un point décisif, sans fanfare. En obtenant l’adhésion d’un partenaire européen historique, fiable et respecté, Rabat continue d’élargir le cercle des soutiens à son initiative. Le message est clair : le plan d’autonomie n’est plus simplement une proposition marocaine, c’est une solution internationale de référence. Le Portugal, en l’adoptant, fait le choix de la stabilité, du bon sens, et d’un partenariat tourné vers l’avenir.

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