Saliha Rais confond tribune politique et cri de marché

Majdi Fatima Zahra

Quand une élue, censée représenter la voix des citoyens, se transforme en chef de chantier et intime aux habitants de « dégager », on se demande si on a encore affaire à de la politique… ou à un one-woman-show raté.

Saliha Rais, qui n’a visiblement pas peur de la polémique, a lâché une phrase qui résonne encore dans les couloirs politiques ,« Ceux qui sont gênés par le voile n’ont qu’à dégager. » Court, sec, brutal. On aurait presque entendu la porte claquer derrière.

Bien sûr, l’intéressée justifie sa sortie par le racisme dont elle dit avoir été victime. Mais depuis quand répondre à la haine par le mépris constitue un programme politique ? Depuis quand une élue, qui plus est d’origine marocaine, peut se permettre de dire aux Belges… de dégager de leur propre pays ? C’est un peu comme si un touriste débarquait à Marrakech, commandait un thé à la menthe, et lançait aux Marocains , « Merci de quitter la médina, ça me dérange. » Absurde, n’est-ce pas ?

Les réactions politiques, elles, sont d’une lâcheté édifiante. Interrogés, plusieurs responsables ont préféré s’éclipser dans un silence pesant. Comme si commenter l’affaire revenait à traverser un champ de mines en chaussettes. Personne n’ose prendre position, de peur d’être catalogué du mauvais côté de la barricade.

Mais revenons à l’essentiel , qui est Saliha Rais pour se permettre de distribuer des cartons de sortie à des citoyens belges ? La naturalisation, rappelons-le, n’est pas une baguette magique qui transforme un discours en parole d’évangile. Elle oblige, au contraire, à plus de responsabilité et de mesure.

Car enfin, imaginez l’inverse , un étranger installé au Maroc, prenant le micro et déclarant aux Marocains , « Si le couscous vous gêne, dégagez ! » On rirait jaune, puis on s’indignerait. Alors pourquoi tolérer ce genre de provocation sur la scène politique belge ?

En fin de compte, la sortie de Saliha Rais n’aura ni défendu le voile, ni combattu le racisme. Elle aura juste démontré qu’une phrase mal placée peut faire plus de dégâts qu’un discours de haine. Et que le vrai mot d’ordre, en politique, devrait être ,« Mesurez vos mots, avant que vos mots ne vous mesurent. »

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