Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch a affirmé, jeudi, que son gouvernement demeurait « ouvert au dialogue avec la jeunesse » et prêt à répondre à ses attentes. Dans une déclaration relayée par la MAP, il a insisté sur l’importance d’une « approche fondée sur l’écoute et l’ouverture » comme voie privilégiée pour relever les défis sociaux qui s’accumulent.
Son porte-parole, Mustapha Baitas, a lui aussi défendu une ligne similaire, soulignant la « disponibilité immédiate » de l’exécutif à engager le dialogue. Mais derrière les discours policés et les promesses réitérées, un constat s’impose , l’action gouvernementale peine à convaincre et à produire des résultats tangibles pour les citoyens.
Des promesses sans résultats
Depuis son arrivée à la tête de l’exécutif en 2021, la coalition menée par Aziz Akhannouch s’était engagée à redonner un souffle nouveau aux secteurs clés , santé, éducation et emploi. Or, trois ans plus tard, le retard criant dans la réforme de l’hôpital public, les difficultés persistantes de l’école marocaine et l’absence de solutions crédibles face au chômage des jeunes fragilisent sérieusement la légitimité de l’équipe gouvernementale.
Le porte-parole Baitas a bien reconnu que « ce qui a été accompli reste insuffisant », mais cette admission de faiblesse ne saurait masquer une incapacité structurelle , malgré des budgets en hausse, l’impact réel sur la vie quotidienne des Marocains demeure invisible.
Une contestation sociale qui grandit
Les récentes protestations de la jeunesse, encadrées en partie par le mouvement « Génération Z 212 », témoignent d’une défiance profonde. Certes, des débordements violents ont terni l’image d’un mouvement qui se voulait pacifique, mais le fond du malaise est ailleurs , un sentiment d’abandon face à une classe politique jugée déconnectée et incapable d’apporter des réponses concrètes aux urgences sociales.
Lorsque des citoyens, à l’instar de Fatima, 54 ans, déclarent qu’ils « soutenaient les revendications initiales avant de se détourner à cause des violences », cela révèle à quel point l’absence de leadership clair fragilise à la fois les mouvements citoyens et l’autorité de l’État.
La responsabilité politique d’Akhannouch
Dans ce climat tendu, Aziz Akhannouch multiplie les appels au dialogue. Mais ses déclarations peinent à convaincre, car elles se heurtent à une réalité obstinée , les réformes promises ne se traduisent pas en améliorations palpables. L’érosion de la confiance entre gouvernés et gouvernants atteint aujourd’hui un seuil critique.
Or, dans toute démocratie en construction, la responsabilité politique ne peut être éludée. Quand une équipe gouvernementale échoue à répondre aux attentes populaires malgré des moyens budgétaires conséquents et une majorité confortable au Parlement, la question de la légitimité de son maintien se pose.
Vers une nécessaire clarification
Le Maroc se trouve à un tournant , soit le gouvernement Akhannouch engage un véritable sursaut, avec des mesures concrètes, rapides et lisibles par les citoyens, soit il devra assumer les conséquences de son incapacité à gouverner efficacement.
Pour de nombreux observateurs, le temps des discours est révolu. Si l’exécutif persiste dans l’immobilisme, une seule option s’imposera , celle de la démission d’un gouvernement qui, au lieu de servir les intérêts du peuple, semble s’enfermer dans une communication creuse.
Le Maroc, riche de sa jeunesse et de son potentiel, mérite une gouvernance à la hauteur de ses défis. En l’état, l’équipe Akhannouch apparaît davantage comme un obstacle que comme un moteur de transformation.