Le Conseil de sécurité à l’heure de vérité : vers une reconnaissance explicite du plan marocain d’autonomie au Sahara

Bouchaib El Bazi

À la fin du mois d’octobre, le Conseil de sécurité des Nations Unies tiendra sa session annuelle consacrée à l’évolution du dossier du Sahara marocain. Cette réunion intervient alors que le conflit entame sa cinquième décennie, depuis que le Maroc a recouvré ses provinces sahariennes en 1975 à travers la Marche Verte, une mobilisation pacifique d’ampleur nationale initiée par feu le roi Hassan II.

Cette session s’annonce comme un tournant décisif dans l’histoire du conflit, avec un projet de résolution qualifié d’« historique » par de nombreux observateurs. Les termes des résolutions du Conseil de sécurité ont évolué au fil du temps, passant d’une approche fondée sur l’organisation d’un référendum à une vision plus pragmatique, parlant désormais d’un « règlement politique, réaliste, pragmatique et durable, fondé sur le compromis ». Une description qui correspond pleinement à l’initiative marocaine d’autonomie, largement saluée mais jamais encore explicitement consacrée par le Conseil.

Deux signaux forts avant la session

Deux événements majeurs, survenus en septembre, viennent renforcer la dynamique favorable au Maroc à l’international :

  1. Le soutien renouvelé des États-Unis : Washington a officiellement réitéré son appel à diriger les investissements américains vers les régions du sud marocain, confirmant ainsi la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes, formulée pour la première fois en décembre 2020.

  2. Le renouvellement de l’accord commercial Maroc–UE : L’Union européenne a, de son côté, maintenu ses engagements économiques avec le Maroc, incluant explicitement les produits issus des provinces sahariennes. Ce choix politique fort intervient malgré un arrêt juridico-symbolique de la Cour de Justice de l’UE, et reflète la position d’une majorité d’États membres qui considèrent l’autonomie comme la solution la plus crédible.

Une majorité claire au sein du Conseil

Aujourd’hui, sur les 15 membres actuels du Conseil de sécurité, 11 ont adopté une posture favorable à la solution marocaine. Certains — comme les États-Unis, la France, la Corée du Sud, le Panama ou encore le Danemark — reconnaissent formellement la souveraineté du Maroc ou soutiennent son initiative d’autonomie. Seuls quelques États, à commencer par l’Algérie (partie prenante du conflit), ainsi que la Russie, la Chine et dans une moindre mesure la Guyane, restent dans des positions plus réservées ou ambivalentes.

La Russie en position d’arbitre silencieux

Le rôle de la Russie s’annonce décisif. Actuellement engagée dans une confrontation stratégique avec l’OTAN, Moscou se projette activement en Afrique, notamment en Libye et dans le Sahel. Dans cette région, le Maroc développe une présence influente mais discrète, à travers des partenariats économiques, une coopération sécuritaire de haut niveau et une diplomatie religieuse apaisée.

Face à cela, la Russie pourrait opter, comme par le passé, pour une abstention tactique, voire un soutien implicite. Elle entretient avec le Maroc des relations pragmatiques, notamment via le dialogue stratégique bilatéral, et pourrait trouver dans la reconnaissance du plan marocain un levier de stabilité dans une région qu’elle souhaite préserver des conflits de basse intensité.

Une reconnaissance arabe et africaine quasi unanime

Le prochain forum Russie–monde arabe, prévu à la mi-octobre, ne traitera pas du dossier du Sahara, pour la simple raison que la position arabe est claire et presque unanime : le soutien à l’intégrité territoriale du Maroc. Aucun État arabe n’a reconnu la prétendue « RASD », et l’entité séparatiste est exclue de la Ligue arabe.

Vers un basculement du discours onusien

Le Maroc n’a jamais cessé de renforcer sa crédibilité internationale. Sa proposition d’autonomie, réaliste et généreuse, répond aux standards internationaux modernes en matière de résolution des conflits territoriaux. L’évolution des positions américaines et européennes ne fait que confirmer ce que la majorité de la communauté internationale reconnaît désormais , l’autonomie est la seule issue viable, dans une logique gagnant-gagnant.

Il devient alors logique que le Conseil de sécurité entérine officiellement cette solution, mettant fin à des décennies d’ambiguïté et tournant la page d’un conflit qui freine l’intégration maghrébine et le développement de toute une région.

Le moment de vérité

Le Maroc, par ses choix stratégiques, ses réformes internes, et sa posture diplomatique, s’est imposé comme un acteur incontournable de la stabilité régionale. La session d’octobre pourrait consacrer cette réalité en accordant une légitimité internationale explicite à sa solution d’autonomie. Si tel est le cas, le Conseil de sécurité ne fera que suivre le cours naturel des choses , reconnaître une solution juste, durable et conforme aux aspirations des populations concernées.

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