Un triomphe planétaire et une victoire diasporique : le Maroc des talents mondiaux

Par Bouchaib El Bazi

Santiago, Chili — Le 19 octobre 2025 restera gravé dans la mémoire collective du Maroc. Pour la première fois de son histoire, le Royaume a remporté la Coupe du monde U20, en dominant l’Argentine (2-0) au terme d’une finale maîtrisée de bout en bout. Un sacre à la fois sportif, symbolique et profondément humain, incarné par une génération cosmopolite de jeunes Marocains, dont beaucoup sont issus de la diaspora européenne.

Une victoire d’équipe, une victoire de société

Ce triomphe dépasse largement le cadre du sport. Il raconte l’histoire d’un pays qui a su investir dans ses enfants, où qu’ils soient nés. Sur le terrain chilien, la moitié des joueurs marocains sont nés ou formés à l’étranger — en Belgique, en France, aux Pays-Bas ou encore en Espagne. Et pourtant, aucun d’eux n’a hésité à embrasser le maillot rouge à l’étoile verte, symbole d’un attachement profond à une identité qui transcende les frontières administratives.

Le coach Mohamed Ouahbi, passé par le centre de formation du Sporting d’Anderlecht, incarne parfaitement ce pont entre le Maroc et l’Europe. Sous sa houlette, les jeunes Lions de l’Atlas ont allié discipline tactique et spontanéité méditerranéenne, stratégie européenne et passion africaine.

Neerpede, vivier marocain

Le Sporting d’Anderlecht, temple de la formation belge, peut aussi revendiquer une part de ce triomphe. Trois de ses talents — Ali Maamar, Anas Tajaouart et Ismaël Baouf — ont porté haut les couleurs marocaines. À leurs côtés, Yassine Khalifi, nouveau venu à Charleroi, a complété ce maillage belgo-marocain d’une rare efficacité.

Ce n’est pas un hasard , les académies européennes, et notamment belges, ont longtemps été un laboratoire du football multiculturel. Les jeunes Marocains y ont trouvé non seulement un espace d’épanouissement sportif, mais aussi une scène où leur double identité pouvait devenir une force.

Une diaspora victorieuse

Le sacre mondial des U20 n’est que la partie visible d’un phénomène plus vaste , la réussite des Marocains du monde. Dans le football comme dans les sciences, la diplomatie ou l’entrepreneuriat, la diaspora marocaine brille par son dynamisme et sa résilience.

En Belgique, aux Pays-Bas, en France, au Canada ou dans le Golfe, des dizaines de milliers de jeunes Marocains incarnent cette double appartenance féconde , enracinés dans la culture d’origine, ouverts à la modernité universelle.

Le parcours de Yassir Zabiri, auteur des deux buts de la finale, en est l’illustration parfaite , né à Bruxelles, formé en Europe, mais habité par une émotion viscérale lorsqu’il entonne l’hymne national marocain. Ce mariage entre le local et le global, entre la mémoire et le mouvement, est sans doute le secret du succès marocain contemporain.

Du Qatar à Santiago , une continuité du rêve

Depuis le Mondial 2022 au Qatar, où le Maroc avait atteint une historique quatrième place, le football marocain vit une véritable renaissance. Les Lionceaux U20 n’ont fait que prolonger cette épopée, confirmant la solidité du projet sportif porté par la Fédération royale marocaine de football sous la direction de Fouzi Lekjaa.

Cette victoire s’inscrit dans une trajectoire cohérente , une stratégie de formation, une diplomatie sportive affirmée et une confiance retrouvée dans le potentiel de la jeunesse.

Un symbole d’avenir

Le Maroc n’a pas seulement remporté une coupe , il a remporté une bataille symbolique contre les frontières mentales. Ce trophée est celui d’une génération qui parle plusieurs langues, vit entre plusieurs cultures, et transforme cette pluralité en puissance collective.

C’est aussi la preuve que la diaspora n’est pas une périphérie, mais un cœur battant du projet national marocain.

le Maroc global

En 2030, le Royaume co-organisera la Coupe du monde avec l’Espagne et le Portugal. Ce sacre des U20 en est déjà le prélude émotionnel. Le Maroc n’est plus un outsider, mais un acteur central du football mondial, porté par une jeunesse qui incarne la synthèse entre l’Afrique et l’Europe, la tradition et la modernité.

Le Maroc vient de gagner bien plus qu’un trophée , il a gagné une génération.

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