Sahara : l’ONU entérine l’autonomie sous souveraineté marocaine — une résolution historique qui rebat les cartes du dossier
Bouchaib El Bazi
Un tournant historique pour le Maroc et la diplomatie mondiale
Le 31 octobre 2025 entre dans les annales comme une date fondatrice pour le Maroc. En adoptant la résolution 2797, le Conseil de sécurité des Nations unies a consacré pour la première fois, noir sur blanc, l’autonomie sous souveraineté marocaine comme la solution la plus réaliste et la plus durable au différend du Sahara.
Adoptée à 11 voix pour, 0 contre et 3 abstentions (Russie, Chine, Pakistan), cette résolution marque une rupture profonde dans l’approche onusienne du dossier et scelle, de fait, la fin du mythe du référendum d’autodétermination.


Un texte clair, une orientation irréversible
Le texte, porté par les États-Unis en tant que pen holder, a été débattu à plusieurs reprises depuis sa première mouture du 22 octobre. Peu de modifications ont été apportées à la version finale, essentiellement d’ordre lexical, sans altérer le fond.
Le paragraphe préambulaire 4 affirme sans ambiguïté que le Conseil de sécurité « prend note du soutien exprimé par de nombreux États Membres à la Proposition d’autonomie du Maroc, présentée le 11 avril 2007, comme base d’une solution juste, durable et mutuellement acceptable ».
Dans sa partie opérative, donc contraignante, la résolution exhorte le Secrétaire général et son envoyé personnel à « mener des négociations s’appuyant sur la Proposition d’autonomie du Maroc », excluant de facto toute alternative, y compris le référendum, désormais considéré comme caduc.
En langage onusien, cette formulation ne relève pas du symbole mais de l’action , elle fixe les limites du mandat de négociation et consacre le plan marocain comme unique cadre de référence légitime.
La souveraineté marocaine, désormais un cadre normatif
L’expression « autonomie sous souveraineté marocaine » n’est plus une hypothèse diplomatique, mais un principe normatif du règlement.
La résolution transforme la nature même du débat , il ne s’agit plus de savoir qui détient la souveraineté, mais comment organiser l’autonomie dans le cadre de cette souveraineté.
Le Maroc, longtemps présenté comme simple « partie au conflit », devient désormais le détenteur légitime du cadre souverain, reconnu comme acteur central, crédible et porteur de la solution.
L’Algérie, sommée d’assumer sa responsabilité
L’autre rupture majeure du texte réside dans la désignation explicite de « toutes les parties » concernées par le processus, incluant l’Algérie et la Mauritanie aux côtés du Maroc et du Polisario.
Le Maroc est cité cinq fois dans la résolution, contre une seule pour l’Algérie et le Polisario — un détail révélateur du nouvel équilibre diplomatique.
En plaçant l’Algérie sur un pied d’égalité avec le Polisario, la résolution acte sa responsabilité directe dans le maintien du conflit et l’invite à participer activement aux négociations sans conditions préalables.


Le Conseil de sécurité ne parle plus de deux parties, mais de toutes les parties — un glissement sémantique qui vaut condamnation diplomatique implicite d’Alger.
Un revers cinglant pour Alger
Pour l’Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité en 2025, cette adoption sonne comme une défaite cinglante.
Malgré des semaines de lobbying et de tentatives d’amendements, le veto russe attendu n’a jamais vu le jour, isolant Alger sur la scène internationale.
Les capitales africaines — la Somalie et la Sierra Leone — ont voté pour le texte, confirmant l’ancrage africain du Maroc et l’effritement du soutien continental à la thèse séparatiste.
Dans les couloirs de l’ONU, les diplomates parlaient d’un « désastre de communication pour Alger », victime d’une stratégie anachronique menée par un régime figé dans les logiques de la guerre froide.
La presse internationale, quant à elle, s’interroge : l’Algérie saura-t-elle tourner la page d’un demi-siècle d’hostilité ?
Une MINURSO redéfinie, un recensement exigé
Autre nouveauté de la résolution , le mandat de la MINURSO est prolongé jusqu’au 31 octobre 2026, mais avec une mission réorientée.
Le Conseil de sécurité insiste pour la première fois sur le recensement des populations des camps de Tindouf, une demande constante du Maroc depuis deux décennies.
L’ONU exige désormais un rapport stratégique dans les six mois sur la mise en œuvre de cette exigence, plaçant Alger face à ses contradictions et à son refus récurrent de transparence sur la situation humanitaire dans les camps.
Un message politique et symbolique fort
Cette adoption intervient à quelques jours du cinquantenaire de la Marche Verte, moment fondateur du parachèvement de l’intégrité territoriale du Royaume.
Le calendrier n’a rien d’anodin , il renforce la portée historique du texte et prépare le terrain au discours royal du 6 novembre, dans lequel le roi Mohammed VI devrait réaffirmer la vision d’un Maghreb pacifié et tourné vers l’avenir.
L’après-31 octobre : un nouveau paradigme maghrébin
Avec la résolution 2797, le Conseil de sécurité acte la fin d’un cycle , celui des illusions référendaires, des polarisations idéologiques et des tergiversations diplomatiques.
Le Maroc, fort d’un soutien international massif, se retrouve en position d’imposer le tempo des négociations, tandis que l’Algérie, isolée, doit composer avec une réalité géopolitique qui lui échappe.
En diplomatie, les résolutions ne changent pas le monde du jour au lendemain. Mais celle-ci change définitivement les règles du jeu.
Cinquante ans après la Marche Verte, le Sahara s’enracine dans la souveraineté marocaine, non plus seulement de fait, mais désormais de droit international.
L’histoire retiendra que le 31 octobre 2025, à New York, le Maroc a gagné bien plus qu’un vote , il a gagné la bataille du récit et de la légitimité.