La crise de l’éthique secoue le secteur de la presse au Maroc

Rime Medaghri

Les fuites de la Commission d’éthique ébranlent les médias marocains et mobilisent avocats et acteurs politiques.

Des enregistrements audio et vidéo, divulgués depuis une séance de la Commission d’éthique relevant du comité provisoire chargé de la gestion du secteur de la presse et de l’édition, ont provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. Le journaliste Hamid El Mahdaoui, à l’origine de la publication, affirme que la diffusion répond à un « principe d’intérêt général », estimant que le contenu révèle des « violations légales et éthiques » qui nécessitent un débat public.

Les enregistrements montrent des membres de la commission utilisant des propos jugés offensants ou dénigrants, tenus à l’encontre du journaliste et de son équipe de défense, ainsi que des échanges pouvant suggérer une volonté de nuire ou d’influencer des affaires judiciaires en cours. Le comité provisoire a réagi en annonçant son intention de poursuivre El Mahdaoui, estimant que la diffusion de réunions confidentielles constitue une infraction au règlement intérieur du Conseil national de la presse, notamment son article 18.

Les organisations professionnelles d’avocats ont également réagi fermement, considérant les propos tenus dans les enregistrements comme une atteinte à la dignité de la défense et à l’intégrité de la justice. Elles ont annoncé l’ouverture d’enquêtes internes pour vérifier l’authenticité et les circonstances entourant ces propos.

Des formations politiques et plusieurs députés ont demandé l’ouverture d’une enquête impartiale et urgente pour élucider les faits et identifier les responsabilités. Certains ont évoqué une « tragédie morale » portant préjudice à la crédibilité du secteur et ternissant l’image institutionnelle du pays.La Fédération nationale de la presse et le Syndicat national de la presse ont appelé, de leur côté, à l’application de sanctions appropriées contre toute personne impliquée dans des pratiques portant atteinte à l’éthique professionnelle ou à l’indépendance de la justice. Elles ont dénoncé une « dérive institutionnelle grave » et pointé du doigt les dysfonctionnements du système d’autorégulation depuis la mise en place du comité provisoire.

Ces événements, largement médiatisés, soulèvent des interrogations profondes quant à la transparence, la crédibilité et l’indépendance des organes de régulation de la presse au Maroc. En attendant les résultats des enquêtes, beaucoup craignent des répercussions étendues sur l’ensemble du secteur

 

 

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