Le dossier de la délimitation maritime maroco-espagnole revient au centre de l’attention

Par - B. El Bazi

Depuis plusieurs mois, le dossier de la délimitation maritime entre le Maroc et l’Espagne refait surface, non comme un simple litige bilatéral, mais comme l’un des piliers d’une stratégie plus large , la vision maritime globale que Rabat s’efforce de mettre en œuvre depuis des décennies.

Lors d’un séminaire sur le droit de la mer tenu en août 2025 à Rabat, le ministre des Affaires étrangères marocain a réaffirmé la volonté de son pays de mener ces négociations « dans un esprit de dialogue, de transparence et d’intérêt mutuel »  rejetant toute approche unilatérale.

Une démarche ancrée dans la légalité internationale et la souveraineté nationale

Le Maroc fonde sa démarche sur le droit international, notamment la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (1982), tout en affirmant sa pleine souveraineté sur l’ensemble de son espace maritime, de Tanger jusqu’à ses provinces sud.

Depuis les années 1970, le Royaume a progressivement construit son cadre juridique , proclamation des eaux territoriales en 1973, création d’une zone économique exclusive (ZEE) en 1981, puis adoption en 2020 de lois définissant la ZEE et le plateau continental.

Dans ce contexte, le dossier de délimitation avec l’Espagne , longuement suspendu , trouve aujourd’hui un nouveau souffle, porté par un engagement diplomatique renouvelé.

Les enjeux : ressources, géostratégie et économie bleue

L’enjeu dépasse la simple ligne maritime. Il s’agit, pour Rabat comme pour Madrid, de fixer un cadre clair pour l’exploitation des potentialités de l’Atlantique , pêche, hydrocarbures, exploitation minérale — notamment autour du site sous-marin riche en métaux rares que représente le Mont Tropic.

Un accord définitif permettrait non seulement de sécuriser les droits respectifs des deux nations, mais aussi de créer les conditions d’une coopération durable, respectueuse de l’environnement, et propice au développement d’une économie maritime partagée.

Un contexte diplomatique transformé : de la méfiance à la coopération

Le regain d’intérêt pour ce dossier s’inscrit dans un contexte diplomatique plus large. Depuis la normalisation des relations maroco-espagnoles amorcée en 2022, les deux pays ont mis en place une feuille de route commune, où la délimitation maritime figure comme un chantier prioritaire.

L’approche actuelle , volontairement bilatérale, transparente et respectueuse du droit international — montre la maturité acquise par Rabat. Elle illustre aussi que le Maroc ne conçoit plus la mer comme une frontière rigide, mais comme un espace de coopération, d’intégration et de prospérité partagée. Comme l’a souligné le ministre, « la mer cesse d’être un trait de séparation pour devenir un pont d’union ».

Vers un accord historique — ou un compromis structurant

Selon des sources non officielles, un accord serait aujourd’hui en voie de finalisation entre le Maroc et l’Espagne. Cet accord viserait à encadrer l’exploitation des ressources marines, protéger la biodiversité et garantir la souveraineté de chaque État, tout en ouvrant la voie à un partenariat économique solide.

Un tel accord , s’il voit le jour , pourrait marquer un tournant historique. Il consolerait un contentieux ancien, offrirait un cadre clair aux investissements, et donnerait un nouvel élan à la stratégie maritime marocaine , dans la perspective d’un développement économique durable, respectueux de l’environnement et ouvert sur l’Afrique et l’Europe.

Un tournant pour la diplomatie et l’économie maritime

Le retour sur le devant de la scène du dossier de la délimitation maritime entre le Maroc et l’Espagne illustre une ambition , celle d’un Maroc maritime, souverain, mais ouvert à la coopération. L’approche actuelle, qui combine légalité internationale, pragmatisme économique et diplomatie constructive, est porteuse d’espoir.

Ce dossier pourrait bien devenir, si un accord est trouvé, le symbole d’une transition profonde , celle d’États rivaux hier, partenaires stratégiques aujourd’hui , capables de transformer les frontières maritimes en plateformes de collaboration, de développement et de paix.

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