Bouchez, le funambule budgétaire : 32 milliards d’assainissement et zéro sueur visible

Par - B.El Bazi

Bouchez, ou l’art de transformer 32 milliards en opéra comique

Il y a des jours où la politique belge ressemble à une comédie musicale , beaucoup de bruit, des refrains qu’on connaît déjà, et un acteur principal qui traverse la scène en lançant des promesses comme des confettis. Cette semaine, le rôle-titre était tenu par Georges-Louis Bouchez, invité en tournée médiatique chez Sudinfo, L’Echo, De Tijd et De Morgen, pour vendre au public un accord budgétaire qui, selon lui, frôle le miracle économique.

Le président du MR est donc arrivé, sourire calibré, posture professorale, expliquant que le budget avait été “assaini” à hauteur de 32 milliards, dont une écrasante majorité grâce à des “économies et réformes”. On s’attendait presque à ce qu’il sorte un violon pour accompagner l’annonce, tant la partition semblait parfaite. Selon Bouchez, l’État belge n’est pas en déficit chronique , il souffre simplement d’un manque d’organisation, un léger souci de rangement, comme une cave où l’on empile quarante ans de paperasse en disant “on verra plus tard”.

La réforme fiscale : comme un arbre de Noël qu’on décore en juillet

Le président du MR a ensuite déroulé sa réforme fiscale, version haute-couture. Un job bonus avancé à 2026, une quotité exemptée portée à 15 000 euros, davantage de déductibilité, des heures sup’ sans impôts, des flexi-jobs à gogo. À l’écouter, on aurait presque l’impression que l’État belge deviendra une salle de sport où chacun pourra travailler plus, gagner plus, et sourire beaucoup.

Bien sûr, personne n’a osé demander comment un pays déjà au bord de l’indigestion budgétaire allait financer ce grand banquet fiscal. Mais Bouchez, tel un chef gourmet, a assuré que tout cela était parfaitement compatible avec la rigueur. Une réforme fiscale qui coûte rien, rapporte tout, et fait plaisir à tout le monde , on appelle ça de la magie, ou de la politique en période préélectorale.

Pouvoir d’achat : le caddy belge, ce patrimoine national

Bouchez a ensuite sorti l’argument ultime : aucune hausse générale de la TVA. Le caddy, cet objet sacré du foyer belge, est officiellement protégé. Pas un centime de plus, promis, juré, même pas pour les produits qui coûtent déjà plus cher qu’un abonnement Netflix.

Le MR reste donc inflexible , pas de nouvelles taxes. Jamais. Plus tard peut-être, mais jamais “dans l’avenir”, précise Bouchez, avec ce talent rare de manier les mots de manière à laisser toutes les portes entrouvertes.

Les dépenses publiques : un régime minceur sans compter les calories

Enfin, notre orateur a plaidé pour une gestion publique “plus efficace”. Le genre de phrase qu’on sort depuis vingt ans sans que personne ne sache vraiment ce que ça veut dire. Rationaliser, mutualiser, optimiser , à force de promettre des économies d’échelle, on se demande si la Belgique ne va pas finir par faire tourner tout l’État avec deux imprimantes, un stagiaire et un tableur Excel.

Mais le cap reste le même , réformer plutôt que taxer. Une vision simple, claire, et presque poétique, surtout quand on sait que chaque coalition finit par faire exactement l’inverse de ce qu’elle annonce.

Au final ? Une grande prestation, un grand sourire, et un budget qui attend toujours sa thérapie

Bouchez a fait son show, et il l’a fait bien. Le récit est rodé, les promesses emballées, l’histoire presque crédible. Mais derrière la mise en scène, la Belgique reste ce pays où tout le monde veut moins de taxes, plus de services, plus de réformes, mais surtout… que rien ne change vraiment.

En attendant, Bouchez continue de jouer le rôle qu’il préfère , celui du réformateur infatigable, du chevalier anti-impôts, du protecteur du caddy national. Un personnage haut en couleur dans une pièce politique qui, elle, n’en finit jamais.

Et le public ? Il écoute, il sourit, il applaudit parfois. Parce qu’au fond, le spectacle est bon. Même si la réalité, elle, l’est un peu moins.

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