La droite belge ou l’art de recycler l’ancien pour effrayer le présent

Bouchaib El Bazi

Il y a des débats politiques qui éclairent une époque, et puis il y a celui de ce soir, où le président du MR a involontairement offert une démonstration magistrale , oui, d’autres modèles existent, et non, les Belges ne sont pas condamnés à avaler ad vitam les potions amères d’une droite qui confond programme politique et brocante idéologique. Pendant que les Socialistes défendent, avec obstination et constance, celles et ceux qui font réellement tourner le pays , travailleurs, pensionnés, classes moyennes et populaires , la droite continue d’agiter ses solutions en conserve, millésime 1980, toujours indigestes.

À écouter le MR, on croirait assister à un spectacle de magie inversée ,  des taxes calibrées pour frapper les familles et les classes moyennes mais qui épargnent les grandes fortunes avec une précision chirurgicale, des rabotages de salaire qui ne touchent qu’un travailleur sur deux comme si le hasard pouvait être stratège, et ce vieux principe si confortable de faire peser les efforts sur les mêmes, encore et toujours. Les riches, eux, continuent leur promenade, le portefeuille à peine décoiffé. Résultat ? Un pays où les faillites fleurissent plus vite que les promesses électorales et où trois Belges sur quatre constatent impuissants la dégringolade de leur pouvoir d’achat.

Dans la santé, le spectacle n’est guère plus réjouissant , trois milliards d’euros d’économies annoncés, présentés comme “raisonnables” et “indispensables”. On imagine volontiers les patients applaudir depuis la salle d’attente pendant que le personnel soignant, déjà à bout, tente de sourire en se demandant comment fournir davantage avec moins. La “politique d’austérité”, version MR, consiste simplement à couper là où ça fait le plus mal et à le vendre comme acte de courage budgétaire.

Pendant ce temps, les Socialistes tracent une autre route, qui ressemble étrangement à une société où l’humain compte encore. Augmenter les salaires et les pensions, protéger le pouvoir d’achat, financer la santé au lieu de la vider, faire contribuer les grandes fortunes et réaliser les économies nécessaires sans transformer le pays en gymnase de l’austérité , rien de révolutionnaire, juste une logique qui échappe, visiblement, à la droite belge.

Le contraste est si flagrant qu’il frôle la caricature , d’un côté, un pays qui choisit d’investir dans ses citoyens, de l’autre, un pays qui choisit de comptabiliser leurs sacrifices avec un enthousiasme déconcertant. Le débat de ce soir aura peut-être frustré certains électeurs, mais il aura au moins rappelé l’évidence , il existe une alternative politique, humaine et réaliste. Et il reste des forces prêtes à se battre pour elle, avec constance, courage et, surtout, un soupçon d’ironie pour dénoncer les absurdités d’un autre temps.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.