Quand la politique belge distribue des mouchoirs : chronique très sérieuse d’un pays qui ne se prend jamais au sérieux

Bouchaib El Bazi

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En Belgique, on ne jette pas seulement des piques politiques , on les emballe désormais dans des cadeaux promotionnels. Le dernier épisode en date – un “message de soutien” adressé à GLB par le parti TFA, accompagné de mouchoirs en édition limitée – vient rappeler à quel point la politique nationale est devenue un mélange de théâtre de marionnettes et de marketing émotionnel. Ici, la solidarité se décline en papier jetable. Et encore, pas n’importe lequel , un mouchoir “stylé”, parce que même les larmes doivent respecter le standing institutionnel.

TFA et GLB : “Je t’aime, moi non plus”, version institutionnelle

Les relations entre les deux partis oscillent depuis longtemps entre la jalousie politique et le flirt idéologique. Une sorte de couple toxique qui se promet chaque semaine que “cette fois-ci, tout va changer” avant de replonger dans la même danse à deux pas de l’implosion.

Dans cet échange mémorable, TFA prétend venir en aide à GLB, qui traverse un moment politique “difficile” — ce qui, en Belgique, peut signifier tout et n’importe quoi , un sondage en baisse, une déclaration malheureuse, ou simplement l’incapacité habituelle à former une coalition sans faire exploser trois ministères.

L’art du cadeau politique : la nouvelle diplomatie en Belgique

Le présent offert – des mouchoirs millésimés, édition TFA – inaugure un nouveau genre dans les relations interpartis , la diplomatie du Kleenex. À défaut de résoudre des crises, autant les accompagner avec élégance. On imagine déjà les futurs goodies :

  • Un briquet GLB pour aider TFA à “mettre le feu aux débats”.
  • Un parapluie TFA pour se protéger des fuites internes de GLB.
  • Une boîte de calmants édition coalition pour survivre aux réunions du gouvernement.

En attendant, le message reste clair : “Tu peux continuer à pleurer, mais au moins fais-le avec classe.” On n’est jamais trop soigné, même dans la défaite.

Analyse politique : quand l’humour remplace l’argumentaire

Cette séquence illustre parfaitement la métamorphose de la scène politique belge . Moins d’idéologie, plus de communication. Moins de programmes, plus de punchlines.

Plutôt que de débattre du fond – budget, mobilité, climat, sécurité – on préfère multiplier les gestes symboliques à mi-chemin entre le trolling et la tentative de réconfort ironique. La politique devient une série, et chaque parti essaie de décrocher la meilleure réplique pour les réseaux sociaux.

Ce petit cadeau n’est pas innocent. Il dit, à sa manière : “Nous avons compris que tes larmes ne sont pas près de sécher. Alors autant que tu le fasses avec style.”

GLB et TFA : entre rivalité assumée et dépendance mutuelle

Car derrière la plaisanterie, une vérité demeure , malgré les attaques, les piques, les sous-entendus et les “gestes de soutien” sarcastiques, les deux formations savent qu’elles auront probablement besoin l’une de l’autre… pour gouverner, pour négocier, ou simplement pour bloquer les autres.

C’est le paradoxe belge , on se moque de ses partenaires, on rit de leurs déboires, on les ridiculise parfois… avant de s’asseoir à la même table pour rédiger un accord de gouvernement de 300 pages que personne ne lira jamais.

 un pays où même les crises ont de l’humour

Cette affaire de mouchoirs TFA restera peut-être comme l’un des plus beaux exemples de l’“esprit belge” , un mélange de surréalisme, de sarcasme et d’autodérision institutionnelle. Dans un pays où l’on peut rester 541 jours sans gouvernement, il fallait bien inventer une nouvelle manière de maintenir le lien , offrir un Kleenex pour sceller une amitié compliquée.

Après tout, face aux drames politiques, il n’y a que deux solutions :

réformer sérieusement ou rire un bon coup.

Visiblement, on a choisi la seconde.

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