À Anvers, l’espoir fragile d’une famille : le geste inattendu de Marwa bouleverse la décision de l’hôpital

Bouchaib El Bazi

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– Par une journée grise à l’hôpital universitaire d’Anvers, un souffle infime a suffi à renverser toutes les certitudes médicales. Au cœur de ce drame, une jeune fille de 18 ans, Marwa Benahmed, suspendue depuis un mois entre la vie et l’inéluctable.

Il y a des histoires qui déchirent une société : des récits où la science dit « non », tandis que l’amour d’une famille murmure « pas encore ». Celle de Marwa Benahmed appartient à cette catégorie. Victime d’une hémorragie cérébrale foudroyante survenue dans son école il y a quelques semaines, privée d’oxygène pendant près de dix minutes, elle n’a jamais retrouvé conscience. Le diagnostic médical, unanime pendant longtemps, ne laissait aucune place au doute : aucune amélioration n’était envisageable.

Pour l’hôpital universitaire d’Anvers (UZA), la décision était devenue inévitable , arrêter les soins curatifs, débrancher la ventilation artificielle, accepter la limite de ce que la médecine peut sauver. Une décision lourde, terrible, confirmée jeudi matin par un second avis médical indépendant , Marwa ne se réveillerait plus.

Une famille au bord du gouffre

Face à l’inéluctable, les parents de Marwa ont résisté des semaines durant. Accrochés au moindre mouvement involontaire, au moindre frémissement, au moindre souffle qui semblait dire que leur fille était encore là. Mais jeudi, après l’avis médical supplémentaire, ils avaient fini par accepter – ou peut-être par se résigner.

« C’était le moment des adieux », confie d’une voix encore émue l’avocat de la famille, Me John Thoen. Il décrit un père au bord de l’effondrement, une mère dévastée mais courageuse, avançant malgré tout vers la chambre de sa fille pour lui tenir la main une dernière fois.

Personne n’était préparé à ce qui allait suivre.

L’inexplicable : une réaction que personne n’attendait

Alors que la mère, accompagnée de l’avocat et d’une personne de confiance, s’approche du lit, un geste infime vient bouleverser le cours des choses.

« Un élément totalement nouveau, que personne, pas même les médecins, n’avait constaté les jours précédents », raconte Me Thoen, encore sonné.

Selon lui, Marwa aurait ouvert puis refermé les yeux, tout en restant dans le coma. Un réflexe ? Un hasard ? Une réponse ? Nul ne le sait. Mais dans le silence pesant de la chambre, ce mouvement a eu la force d’un cri.

La mère lui pose une question, d’une voix brisée. Et Marwa bouge les yeux.

Plus tard, elle aurait même levé un doigt, très légèrement, comme pour signifier qu’elle entendait, ou qu’elle résistait encore.

Aucun médecin n’était présent dans la pièce à cet instant. Mais ce minuscule geste, témoin ou illusion d’un dernier lien, a suffi à faire vaciller une décision pourtant arrêtée.

Les médecins contraints de rouvrir le dossier

Face à ces réactions inattendues, l’équipe médicale de l’UZA a décidé de suspendre le processus de fin de traitement et de reprendre les examens. Une nouvelle évaluation va être menée pour déterminer si ces mouvements peuvent changer la lecture du dossier médical ou s’ils relèvent d’activités réflexes sans signification neurologique.

Entre les médecins et la famille, le désaccord demeure intact : faut-il fixer une date pour interrompre les soins ? Faut-il au contraire laisser le temps, même fragile, même improbable, de révéler un signe d’amélioration ?

Un débat éthique, intime et déchirant

Le cas de Marwa pose, une fois encore, la question douloureuse des décisions de fin de vie lorsqu’un patient ne peut plus s’exprimer. À quel moment considère-t-on que tout espoir est perdu ? Comment arbitrer entre la conviction médicale et l’instinct parental ? Et jusqu’où peut-on aller pour laisser une chance, même infime, à quelqu’un qui semble presque déjà parti ?

Ce débat ne se résume pas à des protocoles, ni à des chiffres, ni à des observations cliniques. C’est un débat humain, moral, souvent déchirant, qui enferme familles et médecins dans un même dilemme : celui de choisir entre accompagner la mort ou croire, coûte que coûte, à un sursaut de vie.

Une chambre, des larmes, et un souffle d’espoir

En attendant la reprise des examens, Marwa reste dans sa chambre, attachée aux machines qui prolongent son existence. Son père et sa mère oscillent entre la douleur brute et ce minuscule espoir qui refuse de s’éteindre.

Un battement de cils. Un mouvement de doigt.

Parfois, c’est tout ce qu’il reste pour continuer à croire.

Et dans le silence de l’hôpital d’Anvers, c’est peut-être ce qui fait aujourd’hui toute la différence.

 

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