Un soulagement maîtrisé : le Maroc réussit son entrée en scène à la CAN 2025

Par Bouchaib El Bazi

Soccer Football - CAF Africa Cup of Nations - Morocco 2025 - Group A - Morocco v Comoros - Prince Moulay Abdellah Stadium, Rabat, Morocco - December 21, 2025 Comoros' Zaydou Youssef in action with Morocco's Azzedine Ounahi REUTERS/Stringer

Le score est sans appel (2-0), mais l’essentiel était ailleurs. Pour le Maroc, pays hôte et favori déclaré, l’enjeu du match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations 2025 ne se résumait pas à une simple victoire sportive face aux Comores. Il s’agissait avant tout d’un test de solidité mentale, de gestion de la pression et de crédibilité immédiate dans une compétition où l’attente populaire est immense et le droit à l’erreur quasi inexistant.

Une entame sous tension, reflet du poids des attentes

Dès les premières minutes, le scénario a rappelé une vérité bien connue des grandes compétitions : le match d’ouverture est rarement un match comme les autres. La pluie battante, le penalty manqué et la sortie précoce du capitaine Romain Saïss ont plongé les Lions de l’Atlas dans une première période hachée, marquée davantage par la nervosité que par la maîtrise.

Ce premier acte a illustré le paradoxe du statut de favori , domination territoriale, mais difficulté à déséquilibrer un adversaire regroupé, discipliné et sans complexe. Les Comores, loin du rôle de figurant, ont opposé un bloc bas compact et une intensité physique constante, obligeant le Maroc à un travail de sape patient.

La lecture tactique comme facteur décisif

C’est précisément dans l’ajustement que s’est jouée la différence. En seconde période, le Maroc a changé de rythme, de hauteur de pressing et de circulation. L’entrée de Nayef Aguerd (ou Naïl El Aynaoui selon le poste) a permis de rééquilibrer le milieu, d’augmenter la vitesse de projection et de libérer les espaces entre les lignes.

Les buts d’Ibrahim Díaz et d’Ayoub El Kaabi ne sont pas seulement le fruit d’un sursaut offensif, mais celui d’une usure progressive de l’adversaire. À mesure que l’intensité comorienne baissait, la supériorité technique marocaine a fini par s’imposer, confirmant une tendance lourde : dans ce type de tournoi, la patience est souvent plus décisive que l’emballement.

Le discours de Walid Regragui : continuité et lucidité

En conférence de presse, Walid Regragui n’a ni surjoué la satisfaction ni dramatisé les difficultés. Fidèle à sa ligne depuis le Mondial 2022, le sélectionneur a insisté sur la complexité des matchs d’ouverture et sur la nécessité de “faire le travail” avant toute projection.

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Son analyse, lucide et sans triomphalisme, traduit une volonté claire : inscrire cette CAN dans la continuité du projet marocain, sans céder à l’euphorie ni à l’excès de confiance. Regragui sait que le véritable défi commence après la première victoire, lorsque la pression se transforme en obligation de résultat à chaque sortie.

Ibrahim Díaz, symbole d’un Maroc en mutation

Homme du match et premier buteur de la compétition, Ibrahim Díaz incarne une autre dimension de cette équipe marocaine : celle d’un effectif hybride, technique, cosmopolite, mais profondément connecté à son public. Son discours après-match, empreint d’émotion et de responsabilité, illustre cette nouvelle génération de Lions de l’Atlas, conscients de leur rôle et de l’attente qu’ils suscitent.

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Plus qu’un simple but, sa prestation a apporté de la fluidité, de la créativité et une capacité à jouer entre les lignes, précieuse face aux blocs bas que le Maroc affrontera tout au long du tournoi.

Au-delà du match, un message envoyé au continent

L’ouverture de la CAN 2025 à Rabat, suivie dans plus de 180 territoires à travers le monde, dépasse largement le cadre sportif. Organisation maîtrisée, affluence populaire, atmosphère festive : le Maroc a aussi livré un message institutionnel fort, confirmant sa capacité à accueillir des événements de dimension mondiale, à quelques années de la Coupe du monde 2030.

Sportivement, cette victoire inaugurale ne garantit rien, mais elle sécurise l’essentiel : un départ sans crise, une confiance préservée et une dynamique enclenchée. Dans un tournoi long, exigeant et souvent imprévisible, le soulagement ressenti au coup de sifflet final vaut parfois autant que la manière.

Le Maroc est entré dans sa CAN. Sans éclat excessif, mais avec autorité. Et c’est souvent ainsi que commencent les parcours qui vont loin.

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