La véritable victoire de la CAN au Maroc…

Bouchaib El Bazi

Quand l’organisation triomphe, que l’image s’impose et que les récits s’effondrent**

Alors que l’attention était majoritairement focalisée sur les performances de l’équipe nationale marocaine et l’espoir légitime d’un sacre continental, une autre victoire, plus silencieuse mais autrement plus durable, s’est imposée en marge de la compétition. Une victoire qui ne se mesure ni en buts ni en trophées, mais qui se lit dans les regards, les témoignages et les images renvoyées par le Maroc aux peuples africains.

La Coupe d’Afrique des Nations organisée au Maroc a révélé une vérité essentielle , le succès d’un grand événement sportif ne se limite pas au podium final, mais réside dans la capacité d’un pays à offrir une expérience globale irréprochable, humaine avant d’être technique, symbolique avant d’être comptable.

Une organisation maîtrisée et des infrastructures à la hauteur

Des stades aux réseaux de transport, des espaces urbains aux services annexes, le constat a été largement partagé par les observateurs comme par les supporters des équipes participantes , le Maroc a livré un modèle d’organisation africaine moderne, fluide et efficace. Il ne s’agissait pas simplement de respecter un cahier des charges imposé par la CAF, mais bien d’incarner une vision stratégique où le sport devient un levier de développement, de rayonnement et de crédibilité internationale.

Cette reconnaissance n’est pas venue uniquement des instances sportives ou des médias spécialisés. Elle a surtout émergé des tribunes et des rues, portée par les supporters africains eux-mêmes, qui ont documenté leur expérience sur les réseaux sociaux, offrant un témoignage spontané et massif sur la sécurité, la qualité de l’accueil et le professionnalisme du dispositif marocain.

Le public algérien, un moment révélateur

Mais la séquence la plus significative de cette CAN restera sans doute la manière dont le public marocain a accueilli les supporters algériens venus soutenir leur sélection. Ces derniers ont découvert, parfois avec surprise, une réalité en total décalage avec les représentations hostiles construites et entretenues depuis des années , un peuple chaleureux, respectueux, hospitalier, et une atmosphère fraternelle dénuée de toute animosité.

Nombreux sont les supporters algériens qui ont exprimé, ouvertement et sans détour, leur étonnement et leur admiration à travers des vidéos et des messages devenus viraux. En creux, ces témoignages ont mis en évidence l’écart abyssal entre les discours officiels de tension et la réalité des relations humaines entre les deux peuples.

Cette dissonance a eu un effet politique non négligeable. Car l’image renvoyée par le citoyen algérien ordinaire, sincère et désarmé, a contribué à fissurer des narratifs de confrontation, affaiblissant leur crédibilité auprès de l’opinion publique.

Quand la diplomatie des peuples dépasse les calculs politiques

Ce phénomène n’a pas concerné uniquement les Algériens. Des supporters venus d’Égypte, de Tunisie ou d’autres pays africains ont, eux aussi, participé à cette vague d’adhésion collective. Le Maroc est ainsi devenu, le temps d’un tournoi, un espace de convergence africaine, où la passion du football a servi de catalyseur à une diplomatie populaire plus puissante que bien des communiqués officiels.

À travers cette CAN, le Royaume a projeté l’image d’un pays fédérateur, confiant, qui mise sur le lien humain, le respect mutuel et l’intelligence émotionnelle. Un pays qui comprend que le sport peut être un pont entre les peuples, et non un instrument de crispation identitaire ou politique.

Même sans trophée, le Maroc a gagné

Que le Maroc remporte ou non le titre continental relève de l’aléa sportif. Mais ce qui ne souffre d’aucune contestation, c’est que le Royaume, par son organisation et son sens de l’accueil, a remporté une victoire stratégique majeure , celle de l’image, de la confiance et de l’adhésion populaire africaine.

La CAN au Maroc a réussi là où bien des discours échouent , elle a rapproché les peuples, déconstruit les stéréotypes et fait tomber des murs psychologiques longtemps entretenus. C’est une victoire qui ne se brandit pas sur un podium, mais qui s’inscrit durablement dans les mémoires collectives.

Et dans le temps long de l’histoire, ce type de victoire est souvent plus déterminant — et plus durable — que n’importe quel trophée continental.

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