Maroc : riposte stratégique face aux campagnes médiatiques hostiles
Bouchaib El Bazi
Face à la multiplication des campagnes médiatiques internationales visant le Maroc, notamment sur les plateformes numériques et dans certains médias étrangers, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a affirmé l’existence d’un dispositif national de veille et de vigilance médiatique. Ce dernier vise à surveiller, analyser et contrer les narratifs biaisés, en particulier autour des dossiers sensibles comme celui du Sahara marocain.
Lors de la séance hebdomadaire de questions orales au Parlement, le ministre a souligné que son département mène un travail régulier de repérage des sources de désinformation, tout en consolidant les liens avec les correspondants de presse internationale accrédités au Royaume. L’objectif affiché , garantir un accès à une information fiable et contextualisée sur le Maroc, dans un paysage médiatique mondial de plus en plus concurrentiel et polarisé.
Une pression médiatique multiforme, aux motivations politiques et idéologiques
Depuis plusieurs années, le Maroc est la cible d’attaques médiatiques récurrentes, émanant souvent de cercles politiques ou idéologiques hostiles. Ces offensives s’inscrivent dans des dynamiques régionales complexes, où les questions de sécurité, de migration et surtout le dossier du Sahara marocain alimentent des tensions. Dans ce contexte, le Royaume apparaît comme un acteur régional influent, suscitant autant d’intérêts que d’animosités.
Parmi les techniques utilisées figurent la diffusion de rapports tendancieux, la publication de contenus à la fiabilité douteuse sous couvert de journalisme d’investigation, ou encore la manipulation d’informations à travers les réseaux sociaux. Ces procédés visent à saper la crédibilité du Maroc, à nuire à son image à l’international et à délégitimer certaines de ses institutions.
Des plateformes nationales pour rétablir les faits
Dans sa stratégie de riposte, le Maroc mise notamment sur la consolidation de ses canaux de communication publique. Le ministre Bensaid a mis en avant le rôle central joué par la “Portail national” et la “Portail du Sahara marocain”, des plateformes qui agrègent des données fiables sur l’évolution du dossier saharien, y compris ses dimensions économiques et sociales.
L’enjeu ne se limite plus à contredire une rumeur ou à rectifier une fausse nouvelle ; il s’agit de proposer un récit national structuré, documenté et légitime, face à des narrations concurrentes souvent construites sur des motivations géopolitiques.
Un positionnement diplomatique indépendant qui dérange
L’autonomie de décision du Maroc en matière de politique étrangère n’est pas toujours bien perçue. Son approche équilibrée sur des dossiers comme la cause palestinienne, la normalisation avec Israël, ou encore ses relations avec l’Europe et l’Afrique, lui vaut le respect de certains et l’irritation d’autres.
Le refus du Royaume de se plier aux injonctions extérieures, son rejet des logiques d’alignement aveugle, ainsi que son ouverture économique vers le continent africain, sont autant de facteurs qui nourrissent certaines campagnes hostiles, parfois relayées par des réseaux d’influence ou des médias internationaux peu enclins à reconnaître sa montée en puissance.
Les médias nationaux face à leur responsabilité
Dans ce contexte, les autorités appellent les médias marocains, publics comme privés, à s’élever au niveau des enjeux actuels. Cela passe par une rigueur accrue dans le traitement de l’information, une vigilance face aux récits importés, et une capacité à répliquer non pas par des slogans, mais avec des faits, des chiffres et des analyses fondées.
Des experts suggèrent par ailleurs de développer des plateformes multilingues à destination du public international, capables de porter la voix marocaine au-delà des cercles restreints. De même, la constitution d’alliances médiatiques avec des centres de recherche et des médias crédibles pourrait renforcer la légitimité des narratifs marocains dans les enceintes globales.
Une guerre de l’information, reflet des rivalités géopolitiques
Il serait illusoire de considérer ces attaques médiatiques comme isolées , elles s’inscrivent dans un contexte mondial marqué par une compétition féroce sur les récits, les perceptions et les sphères d’influence. Mais ce qui distingue le Maroc, c’est la solidité de ses institutions, la confiance de sa population et l’efficacité de sa diplomatie proactive.
La véritable bataille aujourd’hui n’est plus uniquement sur le terrain politique ou militaire, mais dans le domaine des récits et de la crédibilité. Celui qui détient l’information exacte, le sens du contexte et la transparence du propos, détient également la capacité de convaincre et d’influencer.
Et à l’heure des fake news globalisées, il ne suffit plus d’avoir raison , il faut le prouver, le documenter et le diffuser.